BLACK LILYS – ITW DKLé – Montreux Jazz Festival / Juillet 2023

Posted in: Focus on..
Published on September 6, 2023

BLACK LILYS
LYON / FRANCE
LABEL LA RUCHE
ITW DKLé - Montreux Jazz Festival / 08 Juillet 2023
Participe à l’interview : CAMILLE ET ROBIN

 

Black Lilys, duo Lyonnais composé de Camille et Robin FAURE, nous offre, au travers de deux albums à l’histoire évolutive, une Pop inattendue, voyageuse, vaporeuse, à la fois délicate et puissante.
Rencontre à Montreux, dans le cadre du Jazz Festival, où ils joueront ce soir, accompagnés d’une violoncelliste et d’un batteur, sur la scène du Bockstage.
Un concert qui devrait nous transporter, par la dynamique organique et onirique de Camille, et la force tranquille de Robin !
L’interview se passe juste avant la montée sur scène, dans une atmosphère simple de plénitude, les artistes venant de se baigner dans le lac Léman, donc c'est vraiment le mood parfait !

 

Le duo Black Lilys, c’est en fait, une sœur et un frère, vous Camille et Robin :
La musique a toujours été une passion commune, où est-ce que c'est venu plus tard ?

Robin : On a commencé la musique assez jeune, autour de 13, 14 ans, je dirais.
Et c'est suite au décès de notre mère que c'est devenu vraiment vital, une urgence, de se retrouver, c'est ça qui a vraiment donner du sens à la musique, pour nous deux, avec Camille.
Camille : Surtout l'envie de composer, car effectivement, on jouait déjà de la musique, mais l’envie de créer nos propres musiques, nos propres chansons, c’est arrivé avec ce besoin de s’exprimer ; et je ne pense pas que cela nous serait arrivé sinon.
On jouait chacun de nos instruments de notre côté, mais ce n'était pas une passion.
Je pense que l’on est plus passionné par la création que par la musique en elle-même :
On en a discuté la dernière fois, et on est assez d’accord sur cette impression.

 

Alors cela tombe très bien, parce que ça amène à ma deuxième question, qui va plutôt à Camille :
Quand je regarde vos vidéos ou clips, je te vois très souvent avec des expressions du visage, des gestuelles, qui me font beaucoup penser au monde du théâtre.
Je voulais donc savoir, si tu as une formation théâtrale, ou si tu as pris des cours, peut-être même sur la thématique du clown (dans son sens originel de clown triste), avec ses regards hyper expressifs et sa transmission de sentiments, accompagnés de grandes gestuelles.

Camille : Non, je n'ai pas de formation, j'ai toujours eu un besoin de m'exprimer avec mes mains. Cela a toujours été, mais que j’ai longtemps caché, refoulé, donc c'était des gestes qui étaient un peu bloqués et qu'en fait, maintenant, j'ai plaisir à laisser libres.
Je suis quelqu’un qui a besoin de m’accrocher aux choses.
Je suis quelqu'un qui n'a pas beaucoup d'équilibre, et bizarrement, je danse beaucoup sur scène, mais du coup, j'ai l'impression d'avoir ce besoin de m'accrocher à quelque chose, à de la matière quoi ! Comme une extension de moi.
Dans les clips, oui, il y a ce besoin d'exprimer quelque chose d’assez mystique en fait. On est très inspiré par tout ce qui est nordique, scandinave, ces grands paysages.
(NDLR - dernier album enregistré en Norvège et composé en Ecosse)
Du coup, je pense que ça vient aussi un peu de ça : l'esprit chamanique ! D’être à la fois connectée, ancrée, mais qui vole un peu au-dessus, tu vois ? 

 

Apparemment vous connaissez mes questions à l’avance, merci pour les rebondissements ! (Rires)
Ma question donc, c’est, quelles sont vos sources d'inspiration, justement ? Est-ce que c’est plutôt la nature, la société ou des idoles passées ?

Camille et Robin en coeur : Ça évolue, d’album en album.
Camille : Vu que c'est connecté à nous, à la création. C'est vrai que notre premier album, c'était très personnel. Et après on a toujours grandi très proche et très lié à la montagne, à l'océan, et avec des parents, qui, on a cette chance, nous ont permis de profiter de cela, et c'est vrai que pour nous, certainement, c’est l'endroit, peut-être même avant la musique, c'est se retrouver en pleine nature, c'est un besoin, une ressource pour nos créations.
Robin : Ça nous inspire beaucoup au final. Pour composer aussi ça a son lien : On a tendance à s'isoler aussi en montagne ou dans des endroits assez vides pour pouvoir créer.
Camille : C'est très inspirant. De mon côté, tu vois, je trouve qu'une montagne, par exemple, ça a un côté très lumineux, très beau, mais c'est aussi très sombre. Il y a cette espèce de balance. Dans Black Lilys, dès le début, même le nom, c'était l'idée d'avoir un peu ce qu'on a tous en tant qu'être humain, à la fois ces côtés très sombres mais aussi très lumineux, et d'arriver à trouver un juste équilibre, d'accepter les deux.
Dans la nature, c'est vraiment ça, un océan, ça peut être très calme et puis ça peut être très dangereux.
Robin : Oui, très dangereux; Cela nous a toujours inspirés, ces contrastes.
Camille : Oui, c’est tellement puissant qu’en tant qu'être humain, on se sent en faire partie, et pas être au-dessus. Le deuxième album New Era (2022), l'était encore plus. Je pense qu’on a grandi grâce à la musique. Il évoque encore plus de sujets, notamment de société. Black Lilys, peut-être plus en tant que citoyen, on exprime ce que l’on ressent, mais certainement de façon plus ouverte que le premier, qui était assez personnel, et là, qui s'ouvre, bien sûr, toujours avec des choses qui nous choquent ou qui nous marquent, qui nous touchent, mais qui transpirent différemment dans cet album. En fait, ce qui nous inspire, c'est surtout nous, nos histoires aussi.
Robin : Oui, et les personnes qu'on rencontre. Concernant l'influence de musique, on est pas mal inspiré par des musiques nordiques, scandinaves ou anglo-saxonnes aussi, car avec nos parents, c'était vraiment notre culture musicale à la maison, dès notre enfance. On a donc grandi avec ça. D'être inspiré par des découvertes d’ailleurs et pas seulement rester dans la culture française.

 

Si vous étiez un instrument de musique, chacun, ce serait lequel ?

Camille : Bon, ça va être un peu cliché, mais je vais dire la voix, parce que c’est très connecté aux émotions, je me dis que c'est celui qui est, pour moi, celui avec lequel on ne peut pas tricher, à travers ses propres émotions. C'est même le meilleur rapport à la vie ! Une voix qui tremble, une voix ultra puissante, une voix, c’est vraiment quelque chose pour le ressenti immédiat !
Robin : Moi, je dirai naturellement la guitare parce que j’en fais (rires), non mais c'est vrai ! On n'est pas multi instrumentiste non plus ! Bon, un instrument à cordes en tout cas je pourrais dire.
On est passionné par le violoncelle, avec Camille. On adore ça. On n'en a jamais trop joué, mais c'était notre rêve d’en avoir ! (d’où la présence ce soir sur scène)
On adore cet instrument-là, tout ce que ça génère, le côté corde, le côté frotté… En fait, tous les instruments, selon qui l’interprète, c'est une interprétation différente, et ça, c'est quand même un pouvoir assez dingue.

 

Dans un monde parfait où il n'y aurait pas de problème de faire revivre les morts, pas de problème d'argent et pas de contraintes, avec qui rêveriez-vous de faire un Feat ?

(Longue réflexion des deux)
Robin : C’est intéressant et c'est vrai qu'on n’a pas, c'est bien de le dire, je trouve, qu'on n’a pas d'idole phare, et c'est assez rare, je pense. Même moi en tant que guitariste, une personne me dirait, « Oh, tel guitariste ci, tel guitariste ça »…, moi je suis plus attaché aux sensibilités qu'ont les musiciens, mais je vais pas me dire : « Waouh, ce gars-là, c’est mon idole, il joue super bien », et j'ai vraiment, c'est marrant, le sentiment qu’on ne s’est pas formé comme ça.
Mais après un featuring avec quelqu’un….
Camille : …Bon j'y pense, et tu vas peut-être être d’accord avec moi, parce que je pense « contraste avec la voix » et que l'on adore, je dirais Leonard Cohen, et plus particulièrement son dernier album avant qu’il décède. C’est un album qui nous a énormément touché au niveau de la voix, de ce que ça transporte, ce coté dark, on a l’impression qu’il avait connaissance d’où ça allait, que c'était peut-être le dernier, avec cette classe tout au long, c’est vraiment quelque chose.
Robin : Et ce changement entre les premiers albums et la fin, cette évolution, une évolution totalement différente. C’est vrai qu’un feat avec Leonard Cohen serait des plus intéressants !
Camille : Allez, Leonard Cohen ! On le fait rentrer ! Yeah ! 

 

Si je n'avais jamais écouté du tout votre musique, par quel morceau, vous me diriez de commencer, et pourquoi ?
Robin : Moi, je dirais de commencer par Dust Of You (Album Boxes, 2018), simplement. C'est le premier titre qu'on a composé ensemble avec Camille, et c'est un titre qui a beaucoup de sens pour nous, car c'est complètement la genèse du projet, de nos créations. C'est ce qui a permis, à moi et Camille, de nous réunir, justement, suite au décès de notre mère.
On s’était vraiment séparé avec Camille, alors qu'on avait toujours été comme des jumeaux et, en fait, on a un peu trouvé, si on veut le dire un peu grossièrement, la musique, comme prétexte pour se retrouver.
En fait, ça a été vraiment la première symbiose entre nous de composition…
Camille : …Et on ne le savait pas du tout en le composant. Il y a des artistes parfois, qui se disent : j'ai toujours rêvé, d’être là, de faire ça ; et c'est vrai que pour nous, c'était pas du tout prévu, c’est venu de façon naturelle. C’est vraiment la musique qui nous a attrapés ! Et cette chanson, c’est vrai que dès qu'on la joue sur scène, je me revois et je me dis : C'est dingue, tout ce qu'on a parcouru et on continue à la jouer. Il y a eu une période où on ne voulait plus la jouer - où les gens nous disaient : mais pourquoi vous ne nous la jouez plus ? Vous ne vous rendez pas compte ?
Et donc Dust Of You, oui tu as raison.
Robin : Cela a beaucoup de sens, en tout cas pour nous, encore.
Camille : Et puis, ma voix a évolué aussi. donc, de la réentendre, ça me touche, avec ma voix plus jeune. Et du coup, c’est celle-là, tu as raison.

 

Alors si vous êtes d'accord, tout va bien !
Si New Era était une couleur, ce serait laquelle ? Et pourquoi ?

Camille et Robin en coeur, à nouveau : Rouge !
Camille : Et bien, parce qu'il y a beaucoup de colère, et c'était une émotion qu'on a apprivoisée dans ce nouvel album. On n'avait pas ça dans le premier. Beaucoup de sensibilité. Dans cet album-là, il y a de la rage en fait. Le besoin de défendre quelque chose, et je crois que le rouge pour moi, c’était… Je ne portais pas du tout cette couleur, par exemple, et puis sur scène, sur la pochette de l'album, j'ai commencé à porter du rouge. C'est vrai qu’alors on s'est dit : P'tain, cet album, il est rouge. Pas rouge sang. Rouge, de cette colère, qui est saine, et dont on a besoin, je pense, pour changer les choses.

 

Très bien. Vous avez mis quatre ans entre deux sorties d’albums. Est-ce que c'est un bon rythme pour vous ?

Camille : On aurait aimé, on aimerait pouvoir sentir des choses plus rapidement, mais il s'est passé plein de choses. En fait le premier album, il est sorti, et c'était très thérapeutique et je crois qu'on a eu besoin d'une pause, et en même temps ça a permis qu'on fasse plein de choses, qu'on joue dans plein d'endroits.
Et ensuite de se dire: ok, cet album, il nous a fait du bien. Maintenant, où est-ce qu'on trouve la ressource de … ? Et comment on replace la mission de ce groupe ? Et du coup, on s'est dit : ok, il nous faut du temps pour se re-projeter, et en fait, c'est après avoir vu un - tu parlais des inspirations- spectacle de James Thierrée, le petit-fils de Charlie Chaplin. Incroyable. On m'invite à ce spectacle « La grenouille avait raison ». Dingue, que des mimes, et donc il n'y a pas de paroles, mais c'est sur la relation frère-soeur. C'est très touchant.
J'ai pleuré, j'ai ri parce que c'est du cirque, et voilà, je suis sortie de ce spectacle, j’ai dit: Robbie, demain, je te paye la place. Il faut qu'on fasse ce truc là. Tous Les deux. On y est allé, et le lendemain, c'était bon, on ressentait l'inspiration, et on est parti, en Ecosse, un mois après, et on est allé écrire le deuxième album.
Robin : C’est vrai que ça nous a beaucoup aidés. Cette inspiration nous a lancés dans la chose, ça a ravivé la flamme.

 

Sinon, dans les questions un petit peu plus perso, un morceau un peu honteux ou trésor caché que vous ne pourriez jamais avouer, mais que vous adorez écouter ?
Moi, c'est Les Démons De Minuit d’Images,
(Camille s’exclame : Enorme ! C’est pas honteux, c’est génial !)
Ce serait quoi pour vous? 

Robin : Qu'est ce qu'on écoute, en morceau comme ça ? C'est bien. Faut aller chercher au fin fond un peu…
Camille : J’ai pas honte !
Robin : Non moi non plus…Qu'est-ce que je pourrais dire? C'est compliqué.
Je n'ai pas non plus trop honte, c’est vrai qu'on écoute pas mal de choses différentes..
Camille : Ça peut-être des choses que l’on a beaucoup écouté, mais qu'on n'écoute plus, mais que si je le réécoute, on s'en souviendrait comme un trésor passé, je dirais Lorie.
Robin : Ah, bah là, c'est sûr que ça… Mais on ne le réécoute pas régulièrement.
Camille : Et pourtant j’adore ! Enfin, j’adore… Je le réécouterai aujourd’hui, je me dirais : Je sais pourquoi je l'aimais. C'est ça qui est dingue…
…Tu me lances sur un autre truc :
Ce qui est dingue avec la musique, c'est que c'est des périodes de vie. Tu sais, tu as le coeur brisé. Tu as écouté une chanson et ensuite, tu ne peux plus l’entendre. Ce sont des albums photos et notre album pareil : c'est une période de notre vie, de 2018, à tant.
Et Lorie, c’est un peu le moment où je découvrais de la musique qui n’était rien qu’à moi.
Robin, Il devait subir les posters dans la chambre !

C’est le trésor caché obligé de Robin par procuration, donc.

Robin : C'est d'ailleurs un de mes premiers concerts. Lorie.
J'étais pas contre-contre non plus. Peut-être même que ça m’a inspiré derrière !
Camille : C’est le dynamisme de cette fille que j'adorais sur scène, très sportive.
C'est vrai que c'était un peu mon idole peut-être, quand j’étais jeune.
Robin : En y réfléchissant, je pense à Nino Ferrer, qui fait, (On Dirait) Le Sud. C'est une chanson que j'écoute souvent. Mais comme elle est trop bien, c'est pas honteux. Par contre ce n’est vraiment pas dans ma culture de base (Camille chantonne), donc on dira ça.

 

Et ma dernière petite question, donc : info ou intox, en bon lyonnais, est-ce que vous adorez les quenelles ou pas ?

Camille : - grosse inspiration - Pffff, j'adore, mais je suis allergique au gluten et au lactose (éclats de rires pour nous trois) donc moi je suis tout sauf Française et encore moins Lyonnaise.
J'adore, j’adore, celles qui gonflent, qui gonflent vraiment, qu’on regarde à travers la porte du four, et je dirais avec petite sauce Nantua, et olives, champignons.
(NDLR - Non Camille, la sauce Nantua n’est pas composée de crème et sauce tomate, mais de béchamel et beurre d’écrevisses - rires),
Robin, toi plutôt sauce brochet, non ?
Robin : Ouais, sauce brochet, j’adore ça, et pareil, quenelles un peu fines, mais qui vont gonfler, comme un soufflé.

Le choix de BLACK LILYS - Dust of You - Clip Officiel
?si=sbAAk6IiOVaUBLCa

Le choix d’ILNU - Yaläkta - Official Video
?si=wOtzZrB3NOEpVsMr

 

Crédit Photo ©_FFJM_2023_Lionel_Flusin

#quenelles #brotherandsister #artist #newera #pop #music #musiclovers #lorie #leonardcohen #charliechaplin #rouge #connexion #laruche #écosse #norvege #mountain #dark #light #blacklilys #ilnu #MJF #MontreuxJazzFestival #lyon #love 

Related content

Want to see more ?

ILNU is the meeting place for music groups, independent labels and their audiences.
The connection between musical projects and artists, photographers, illustrators, graphic designers, videographers, editors, community managers...

Sign up and join the community!

Yes No
× Close